L
L
L
L
L
L
L
L

Les circuits proposés

Accueil.

Accueil.

Le Souvenir Français.

Le Souvenir Français.

Le comité de Sélestat.

Le comité de Sélestat.

Orschwiller-Kintzheim-Vallée de Villé

Orschwiller-Kintzheim-Vallée de Villé

SOURCE: Annuaire des amis de la bibliothèque humaniste de Selestat

Article du Dr Maurice KUBLER

Année 1969 / pages 157 à 164


Jean-Baptiste-Pierre Treuille est né le 5 août 1768 à Saint-Secondin, petite commune de l'arrondissement de Civray, située aux confins du département de la Vienne. Ses parents, Jean Treuille et Marie-Françoise-Anne de Gaultier, sont propriétaires terriens dans ce haut Poitou, terre fertile et productrice de blé.


Jean-Baptiste a 21 ans quand est proclamée l'abolition des droits féodaux (nuit du 4 août 1789), suite logique de l'effervescence politique qui avait amené trois semaines plus tôt la prise de la Bastille. Comme de nombreux autres jeunes, Jean-Baptiste se rallie aux idées nouvelles; il participe à la création de la garde nationale de Civray et en 1792 il sert comme lieutenant dans une compagnie de dragons. Le 26 floréal an VII, il est promu capitaine et le 10 vendémiaire an VIII le général Masséna le nomme chef d'escadron.


Mariage à Sélestat.


En l'an IX, il est chef d'escadron au 10ème régiment de cavalerie qui tient garnison à Sélestat. Depuis le II prairial an V (22 avril 1797), ce régiment est sous le commandement du colonel Pierre-François Lataye , qui, le 7 fructidor an XI, au cours de son séjour à Sélestat, épouse Marie-Anne-­Ursule Oberlé, et viendra vers la fin de l'Empire se retirer en notre ville comme d'ailleurs son chef d'escadron Treuille. Ce dernier suit aussi l'exemple de son chef et s'éprend d'une sélestadienne, Marie-Anne Schultz, fille de l'entrepreneur des fortifications de la place, François-Antoine Schultz. Le mariage a lieu le 18 messidor an X (27 juin 1802), alors que le régiment a déjà quitté depuis quelques mois la ville pour tenir ses quartiers à Colmar. Parmi les témoins au mariage, figure le commandant de place Joseph Péjean (1751-1813), ancien capitaine du 46ème régiment d'infanterie, nommé en l'an V à Sélestat, où il restera en fonction jusqu'à sa mort en 1813, date à laquelle il sera remplacé par le commandant Charles Schweisguth.


Par ce mariage Treuille entre dans une vieille famille de Sélestat dont sont issus plusieurs architectes. Il devient aussi le beau-frère de Louise Schultz, épouse de Laurent-Richard Kunckel, chirurgien-major de l'hôpital militaire de Schlestadt, décédé le 25 novembre 1813 à l'âge de 43 ans, du typhus dont l'épidémie a si durement éprouvé la garnison et la population au cours du siège de 1813-1814. L'oncle de Madame Treuille, Joseph Schultz, est l'arrière-grand-père d'Alexandre Dorlan (1864-1944), historien de la ville.


Campagnes et titres


Grâce à son brillant comportement au cours des campagnes de la Révolution et du Consulat, Treuille figure dès le 26 prairial an XII sur une des premières listes de membres de la Légion d'Honneur, dont il sera fait officier le 14 mars 1806


Le 26 frimaire an XIII il reçoit sa nomination de chef d'escadron du 1er régiment de cuirassiers. Le 14 février 1807 il est promu colonel dans cette même unité et le 5 août de la même année il prend le commandement du 15ème régiment de dragons. Ce régiment s'appelait sous l'ancien régime Noailles-Dragons: c'est en effet une unité de cavalerie légère levée le 20 décembre 1688 par le duc de Noailles. Dans le classement de 1791 ce régiment devient le 15ème de dragons et participe aux deux campagnes de la Révolution sur les Alpes et en Italie, où il est avec le général Bonaparte au pont d'Arcole. Le régiment fait partie ensuite de l'expédition d'Egypte et à sa rentrée en France il est incorporé à l'Armée des côtes de l'Océan qui devient bientôt la Grande Armée: c'est avec celle-ci et sous le commandement de Treuille que ce régiment d'élite prend une part très active aux cam­pagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne et se distingue spécialement à Ostrolenka.

 


Sa vaillante conduite au feu, notamment à la bataille d'Eylau (8 février 1807), où son cheval est tué sous lui, vaut à Treuille d'être fait baron de l'Empire sous la dénomination de Treuille de Beaulieu par lettres patentes du 2 juillet 1808; le décret impérial du 17 mars 1808 lui accorde une dotation de 4.000 francs de rentes sur le domaine de Westphalie.


Activités municipales du Baron-Maire.


En 1809 après une courte période de garnison à Lunéville, le colonel Treuille se retire à Sélestat où il habite 6 place d'armes, ses nombreuses campagnes qui s'échelonnent de 1792 à 1809 et les 4 blessures dont il a été victime sur différents champs de bataille lui donnent bien droit à un peu de repos. Mais cette retraite si méritée sera éphémère: il reprend du service «civil» car sa ville d'adoption a encore besoin de lui.


Au début de l'année 1811 en effet, le Docteur François Dutaillis, nommé maire en 1808, donne sa démission. Le baron Treuille de Beaulieu est choisi par l'Empereur pour le remplacer. Le décret impérial de nomination est signé au palais de St-Denis le 28 avril 1811. Le notaire François Kubler et le procureur Antoine Bourdon continuent d'assumer les fonctions d'adjoint qu'ils exerçaient depuis novembre 1808 auprès de Dutaillis. L'installation du baron à la mairie n'a probablement lieu qu'en juin puisque son prédécesseur signe encore le 29 mai 1811 un arrêté concernant le ramassage du bois mort dans les forêts communales. C'est Dutaillis aussi qui fait approuver encore le programme des cérémonies pour fêter la naissance du Roi de Rome; François-Charles-Joseph, fils de Napoléon 1er et de l'Impératrice Marie-Louise est né le 20 mars 1811 et de grandes festivités sont en effet prévues pour le mois de juin: le conseil municipal en arrête les détails dans sa séance du 27 mai: «après le Te Deum solennel, qui sera chanté à l'église paroissiale de cette ville, la cérémonie religieuse des mariages de six militaires, retirés en cette ville avec autant de filles pauvres et vertueuses, y domiciliées, aura lieu à ladite église en présence des autorités civiles et militaires». Six filles jouissant «d'une bonne réputation » sont ainsi choisies par le conseil et reçoivent chacune 500 francs de dot prélevés sur la caisse municipale. Le programme de fête comporte encore «un exercice de tir à balle blanche, un feu de joie, des illuminations, des danses gratis en trois salles différentes» et la dépense totale consacrée «aux dotes, réjouissances et habillements» s'élève à 4.748 francs.


Le premier arrêté signé par le nouveau maire date du 4 août; il définit la célébration de l'anniversaire de l'Empereur le 15 août. Le programme prévoit là aussi un Te Deum, la «publication des états de vaccination du 1er trimestre de la présente année», la distribution d'un prix de la valeur de 5 francs à l'enfant de chacune des six écoles primaires qui se sera le plus distingué à l'école, et le bal traditionnel à la salle de danse de la ville, festivités et prix remis aux enfants sont évalués à la somme de 300 francs


Le bruit des armes n'arrive pas à étouffer les réjouissances et l'Empire avait aussi ses fêtes. C'est ainsi qu'en cette année de prise de son mandat, le baron Treuille, à la demande du ministre de la guerre, organise une troisième grande fête officielle: l'anniversaire du couronnement de l'empereur (2 décembre 1804) qui sera célébré le 1er décembre. Le Conseil municipal se réunit «d'office» le 7 novembre pour en discuter les modalités. Selon une tradition qu'on peut appeler «impériale», le conseil procède à nouveau «au choix d'une fille vertueuse domiciliée en cette ville, laquelle sera mariée ledit jour avec un militaire ayant fait la guerre, et dotée sur la caisse municipale». Le choix tombe sur la demoiselle Thérèse Fischer qui recevra une dot de 600 francs, le fiancé est «le sieur Ignace Laubser, militaire retiré en cette ville, lequel a servi comme hussard depuis l'an IX jusqu'à l'année 1806 dans le huitième régiment». Un crédit de 988 francs est voté pour la musique lors de la cérémonie religieuse du mariage, la dot de la fiancée, son habillement et «le bal qui sera donné aux nouveaux mariés».


A relater ces différentes festivités qui nous révèlent la pratique de l'époque, on aurait tendance à faire croire que le baron Treuille de Beaulieu est venu à Sélestat uniquement pour organiser des fêtes publiques. La gestion des affaires de la ville occupe pourtant énormément le premier magistrat d'autant plus que les problèmes issus de la période révolutionnaire étaient loin d'être résolus. Depuis le 18 brumaire an VIII il est le 5ème maire en l'espace de douze ans. A part la stabilité du mandat du général Schaal, qui a créé par l'installation de diverses institutions (hôpital civil, école secondaire communale, sous-préfecture et tribunal) le Sélestat moderne, cette succession de nominations et de démissions prouve assez que la fonction de maire n'était pas un métier de tout repos.      





  

Sélestat-Marckolsheim-Le Ried

Sélestat-Marckolsheim-Le Ried

Ses armoiries sont "d'azur à trois croissants 2 et 1, au franc quartier des barons militaires"

SELESTAT - GENERAL BARON TREUILLE DE BEAULIEU

Circuit Napoléonien (1er Empire)

Circuit Napoléonien (1er Empire)

Contact

Contact