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L’énigme du colonel

 


C'est à cette époque que se situe la «mésaventure» survenue au colonel Lataye et racontée par Emile Hinzelin dans un récit intitulé «L'énigme du colonel» .


« .. .la division dont faisait partie le colonel Lataye s'assemblait pour marcher sur Augsbourg. Le 10ème régiment s'ébranlait sur la route vers 7 heures 30 du matin, quand l'empereur arrive. Prévenu par un de ses officiers, le colonel se place de côté et, tout entier à la surveillance de ses hommes, attend. Sans presque tourner la tête, il aperçoit l'empereur, vêtu de sa capote grise bien boutonnée à cause de la fraîcheur matinale et coiffé du petit chapeau enfoncé jusqu'aux yeux. Tête un peu baissée, l'empereur semblait méditer profondément. Non seulement l'empereur voit le colonel, mais il arrête son cheval pour lui parler. Le colonel de son côté en fait autant pour écouter.


C'est alors que se produit la mésaventure ou plutôt le drame dont était bouleversée l'âme du colonel, laquelle se sentait invulnérable à tous les autres coups du sort. L'empereur lui dit de sa voix la plus haute et la plus nette, avec un de ses brusques regards étincelants qui pénétraient jusqu'au fond des cœurs: colonel, l'infanterie ...


Tout à coup le cheval du colonel se met à ruer. De toutes ses forces et de toute son expérience le colonel tente de le maîtriser. Le cheval continue à se tracasser si furieusement que le colonel finit par avoir le dos tourné à l' empereur.


Excusez, sire, s'écrie-t-il, désespéré, c'est une bête récemment arrivée au dépôt.


L'empereur, qui voulait se faire entendre du colonel, se soulève sur ses étriers, avance la tête et, décidé à se faire entendre, lui parle d'une voix impérieuse. Le colonel perçoit le premier mot: - il ne faut pas - et le dernier: - importance -. Mais il ne perçoit rien d'autre, l'empereur s'était éloigné.


Le conteur poursuit son récit sur les événements militaires qui se succèdent, sans détourner le colonel de ses réflexions obsédantes: «Qu'est ce que l'empereur lui avait dit? Quels ordres lui avait-il donnés ?» Souvent au milieu des champs de bataille le colonel reprenait un à un les mots de l'empereur et s'appliquait à reconstituer l'ordre qui lui avait été donné en quittant Augsbourg. Les moindres intonations et les moindres nuances des mots perçus alors étaient analysés avec un soin minutieux. Lataye retrouvait même l'accent corse avec lequel l'empereur prononçait "enjanterie" au lieu d'infanterie.


La clé de l'énigme, n'est livrée à Lataye que peu de temps avant sa mort: c'est en lisant les mémoires du général Jean-Nicolas-Emile Gérardin qui, à plusieurs reprises avait été attaché à la personne de l'empereur, qu'il trouve l'explication: «un peu avant la capitulation d'Ulm l'empereur, quittant Augsbourg, s'arrête près d'un colonel de cuirassiers et lui dit: - l'infanterie pourra sans doute passer aisément ici - le colonel, dont le cheval ruait, n'entendait rien, il s'efforçait d'expliquer à l'empereur que sa bête était nouvellement arrivée au dépôt. L'empereur avec une bienveillance charmante, tente de lui faire comprendre que les paroles échangées n'avaient aucune importance,»


 


 


 


 


 


 


 


 


Sous le soleil d'Austerlitz.


 


Le colonel Lataye poursuit sa route; le 31 octobre 1805 devant Braunau en Moravie, «il reçoit l'ordre de soutenir les grenadiers à cheval de la garde impériale auxquels était opposée une masse formidable de cavalerie russe. A la tête de son régiment il s'élance aussitôt sur l'ennemi, le disperse, et le contraint à prendre précipitamment la fuite.. Le 2 décembre 1805, sur le plateau de Pratzen à Austerlitz, Lataye se fait à nouveau remarquer par l'empereur qui le nomme commandant de la légion d'honneur le jour de Noël. Après Fleurus 1794, un nouveau nom vient s'inscrire sur l'étendard du 10ème régiment de cuirassiers, Austerlitz 1805. Eckmühl 1809 et La Moskowa 1812 complèteront plus tard cette liste héroïque, mais l'ancien porte-drapeau de 1789 aura déjà quitté les rangs.


 


Après 33 ans de services, dont 14 aux campagnes de la Révolution et de l'Empire, Lataye avait droit à un repos bien mérité. Un décret en date du 4 octobre 1806 lui accorde la solde de retraite comme général de brigade. Il est certes difficile d'imaginer son état d'âme, quand il remet à son successeur «son» régiment, c'est-à-dire celui dans lequel il s'était engagé 28 ans auparavant comme simple cavalier et dans lequel il a gravi tous les échelons.


Le colonel Samuel-François Lhéritier en recevra le commandement le 5 octobre et le conservera jusqu'après la bataille d'Eckmühl. Deux autres colonels, Franck le 10 août 1809 et le baron de la Huberdière le 21 mai 1812 commanderont encore le 10ème régiment de cuirassiers. La glorieuse carrière de ce régiment se terminera à Waterloo, il sera licencié en 1815 à Angers et Fontenay-le-Comte.



Titres et distinctions du général Lataye.


Par décret impérial du 17 mars 1808 Lataye est fait baron de l'Empire; ce titre est confirmé par lettres patentes du 10 février 1809 avec une dotation de 4.000 francs de rente sur les domaines de Westphalie.


En 1815 Lataye obtient le poste honorifique d'inspecteur des gardes nationales de l'arrondissement de Sélestat.



Lataye jugé par ses chefs.


On connaît les appréciations données par plusieurs généraux sur la conduite et la compétence de Lataye; elles permettent de mieux connaître et d'apprécier cet officier de valeur, qui a gardé sans doute une certaine susceptibilité fréquente chez ceux qui, sortis du rang, sont arrivés à des grades élevés par la force de leur poignet et par leur seul mérite .


Le général Harville , qui en l'an VI inspecte le 10ème régiment de cavalerie, en témoigne ainsi: «le chef de brigade Lataye connaît bien le mécanisme des manœuvres, il est ami de l'ordre, de la tenue et de la discipline. Son caractère le porte à la susceptibilité et son amour-propre mal placé le pique de ceux qui pourraient lui donner de bons conseils.» En l'an IX le général Richepanse s'exprime ainsi: «la conduite, la tenue et le bon esprit que l'on trouve au 10ème régiment de cavalerie, prouvent plus que tout ce que l'on pourrait dire en faveur du chef de brigade Lataye».


L'année suivante le général d'Hautpoul , après avoir inspecté ce régiment, fait du colonel Lataye le portrait suivant: «officier supérieur du plus grand mérite, extrêmement brave à la guerre, réunissant toutes les qualités et connaissances nécessaires à un chef de corps; sa conduite et ses actions le rendent digne d'être distingué particulièrement du gouvernement». En l'an XI le général Klein l'apprécie ainsi: «cet officier supérieur a des connaissances et des talents militaires qui en font un excellent chef de corps; c'est à ses soins et au travail qu'il a établi dans le 10ème cuirassiers qu'est dû le degré de perfection où ce régiment est arrivé pour sa bonne discipline et son instruction; il est doué d'une excellente moralité».


2. LES FAMILLES OBERLÉ ET MOSER


Le séjour du 10ème régiment de cavalerie au quartier du Fischerbach au cours des années 1801-1802, après les diverses campagnes qui l'avaient mené de Valmy à Hohenlinden, permettent enfin à Lataye de fonder un foyer. Il vient d'atteindre 46 ans : ce n'est apparemment pas le coup de foudre mais un mariage raisonné et sérieux qui va l'unir à une Sélestadienne de vieille souche, Marie-Anne-Ursule Oberlé, âgée de 28 ans.


La cérémonie civile a lieu le «Septième jour du mois de fructidor an neuf de la République Française», c'est-à-dire le mardi 25 août 1801. Deux. officiers du 10ème témoignent pour le mari: Antoine Dupont, chef d'escadron et Raymond Cheroux, capitaine-quartier-maître ; pour la mariée ce sont son frère Jean-Baptiste Oberlé et son beau-frère Ignace Corhumel qui signent l'acte. Le maire en personne, le général François Schaal fait fonction d'officier «public». (..)






























Le 10ème régiment de cavalerie reçoit sa cuirasse.


Après cette brillante campagne sur le Danube, le 10ème régiment de cavalerie revient en garnison dans la 5ème division militaire; il vient ainsi à Sélestat au début de l'année 1801 et séjourne à la caserne de cavalerie du Fischerbach. Ce repos, oh combien éphémère, permet à Lataye de fonder enfin un foyer. Agé de 46 ans il s'éprend d'une Sélestadienne, Marie-Anne Oberlé avec laquelle il se marie le 25 août 1801 (7 fructidor an IX). En ce geste il sera d'ailleurs imité par un chef d'escadron de son régiment, Jean-Baptiste Pierre Treuille de Beaulieu, qui épouse le 27 juin 1802 (18 messidor an XII) Marie­Anne Schultz, fille de l'entrepreneur des fortifications de la place. Mais quand ce dernier mariage est célébré, le 10ème régiment de cavalerie a déjà quitté la ville. Il va tenir successivement ses quartiers à Colmar, Neuf-Brisach, Belfort et Haguenau.


Au cours de son périple à travers les places fortes d'Alsace, ce régiment subit un important changement. L'arrêté consulaire du 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) apporte en effet de profondes modifications dans l'organisation de la cavalerie, qui devait comprendre 80 régiments: 2 de carabiniers, 12 de cuirassiers, 30 de dragons, 26 de chasseurs et 10 de hussards. Cet arrêté supprime aussi la dénomination générale de «régiments de cavalerie» qui avait remplacé en 1791 celle de «régiments de cavalerie légère». Les 9,10,11 et 12ème reçoivent la cuirasse et forment avec les 8 premiers, déjà munis de cet armement, le corps de cuirassiers. Autre changement encore: le chapeau est remplacé par le casque. Modifié dans son armement et dans sa tenue, le 10ème régiment de cuirassiers est aussi augmenté d'un escadron du 19ème de cavalerie supprimé.





 

Sélestat-Marckolsheim-Le Ried

Ses armoiries portent D'or au cheval galopant de sable et s'élançant contre trois lances d'argent, montées de sable mouvant toutes trois du flanc dextre de l'écu, au comble d'azur chargé de trois étoiles d'or, au franc quartier des barons militaires» . Armes parlantes car le cheval s'élançant contre trois lances rappelle à l'évidence la triple charge exécutée par Lataye le 16 mai 1800 à Erbach.

SELESTAT - MARECHAL DE CAMP LATAYE

Circuit Napoléonien (1er Empire)

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