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La force d'attraction de la ville de Sélestat n'est plus à démontrer: tout au long de son prestigieux passé on retrouve d'innombrables exemples de personnes qui se sont laissées séduire par ses charmes et son accueil. Dans le cadre de sa garnison, notamment au cours du XVIII" siècle et au début du XIX' siècle, beaucoup de militaires sont revenus après une brillante carrière servir leur ville d'adoption. Le Baron Treuille de Beaulieu en est un exemple typique; il fut maire de Sélestat de 1811 à 1813. Il en est de même du Baron Lataye dont les mérites valent bien une mention dans l'annuaire de notre société.

 


1. UNE LONGUE ET BRILLANTE CARRIÈRE MILITAIRE.


Pierre-François Lataye est né le 14 mars 1755 à Charny dans la Meuse, comme fils de François Lataye, «greffier en chef de la prévôté» et de Marie-Anne Steel.


Cavalier au Royal-Cravates.


Il n'a pas encore 18 ans, quand le 9 mars 1773 il entre comme cavalier au régiment de Royal-Cravates, en garnison à Strasbourg. Ce régiment de cavalerie légère porte un nom bizarre: il vient tout simplement de la dénomination du cheval de Croatie qu'on appelle «un cravate». La création de ce régiment date du début du règne de Louis XIV; il est levé par le comte Jean de Balthazard en exécution d'une commission datée du 13 août 1643, et formé avec les débris des régiments croates au service de la France qui avaient été licenciés à l'époque de la mort de Louis XIII. Son nom initial est d'ailleurs Balthazard-Croates. Depuis ses débuts, le Royal-Cravates s'est distingué sur tous les champs de bataille de la Catalogne à la Hollande. L'Est de la France n'est pas un secteur inconnu de lui; parmi ses interventions en Alsace on peut citer son engagement à la bataille de Turckheim en 1675 dans les rangs de l'armée de Turenne et sa présence en 1680 au camp de la Basse-Alsace. En 1765 ce régiment tient garnison à Verdun. De cette époque date peut-être déjà le rêve du jeune Lataye, âgé de 10 ans, de porter un jour le bel uniforme de cavalier du Roi.


Après Verdun, Royal-Cravates reste peu sédentaire; en 1768 il est à Moulins, en 1770 à Metz puis à Stenay, en 1771 à Gray. Au cours des années 1773 et 1774 il séjourne à Strasbourg et c'est dans cette ville probablement que Lataye rejoint le 9 mars 1773 le régiment qui, depuis le 3 janvier 1770 est sous le commandement du marquis de Tourzel.


De simple cavalier, Lataye va gravir les différents grades dans ce même régiment. Il est brigadier le 19 octobre 1778, fourrier le 12 juillet 1781, maréchal-de-logis-chef le 20 juin 1784 et adjudant-sous-officier le 23 juillet suivant. Cet avancement se poursuit ainsi au cours des dernières années de l'ancien régime. Le Royal-Cravates connaît pendant ce temps de nombreuses garnisons : il quitte Strasbourg pour la Franche-Comté d'abord (1775 Dôle, 1777 Besançon), pour la Lorraine ensuite (1778 Nancy puis Epinal, 1779 Metz). En 1782 il est à Vendôme, en 1785 à Cambrai et Bouchain, en 1787 à Thionville et en 1788 il fait partie du camp de Metz. Il est appelé à Melun et Provins en 1789; c'est à cette époque - le 20 août 1789 - que Lataye devient porte-étendard. Comme tous les drapeaux des régiments royaux, l'étendard confié à Lataye est bleu, avec le soleil, la devise «Nec pluribus impar» et les quatre fleurs de lys aux angles; il est brodé et frangé d'or.


Brillant officier sous la canonnade de Valmy.


Ces fleurs de lys ne resteront pas longtemps certes, car depuis le 14 juillet la Révolution est en marche; elle est acceptée par le Roi Louis XVI depuis le 17 août, jour de sa démarche à l'Hôtel-de-ville de Paris pour recevoir la cocarde tricolore.


La loi du 1er janvier 1791 par laquelle la Constituante régla la composition de l'armée, change aussi la dénomination des régiments: le Royal-Cravates devient le 10ème régiment de cavalerie. Cette nouvelle appellation est inaugurée à Vendôme où le régiment est revenu en 1790. Peu de temps après il rejoint Angers. C'est le 1er mars 1791, pendant son séjour en cette ville que Lataye est promu sous-lieutenant. Dès lors son avancement est rapide; le 25 janvier 1792 déjà il est lieutenant.


En cette même année ce régiment quitte l'Anjou pour St-Omer et Béthune en vue de la formation de l'armée du Nord. Les menaces d'invasion sont sérieuses, surtout depuis la conclusion en février de l'alliance défensive austro­prussienne. Le 20 avril l'Assemblée Législative déclare la guerre à l'Autriche; la nation française se considère en effet comme le champion de la lutte contre l'absolutisme et la féodalité, elle revendique ses «frontières naturelles, les Alpes et le Rhin».


Attaché à l'armée du centre, le 10ème de cavalerie est présent le 20 septembre à la bataille de Valmy et fait partie du corps qui poursuit les Prussiens dans leur retraite. Cette victoire remportée en Argonne par Kellermann et Dumouriez sur l'armée de Brunswick représente un tournant décisif qui n'a pas échappé au grand Gœthe qui assistait à cet événement. Frappé par l'enthousiasme et la fière attitude des soldats français, il s'écria au soir de la bataille: «En ce lieu et en ce jour commence une nouvelle époque de l'histoire du monde, et vous pouvez dire que vous y avez assisté». Le lendemain 21 septembre la République est proclamée, la Convention Girondine s'installe; le 21 janvier 1793 le roi est exécuté: c'est le prétexte de la formation de la 1ière Coalition qui, outre l'Angleterre, groupe l'Espagne, le Portugal, les Etats italiens, la Hollande et tous les membres de l'empire allemand. Sa conduite héroïque à la bataille de Valmy fait obtenir à Lataye le grade de capitaine; cette promotion date en effet du 26 octobre 1792 ; il est alors en garnison à Sarrelouis.


Actions d'éclat aux armées de la Moselle et de Sambre-et-Meuse.


Le début de la campagne en face de la première Coalition n'est guère favorable à la France qui subit de graves revers. La défaite infligée par les Autrichiens à Dumouriez le 18 mars 1793 à Neerwinden entraîne la désertion de ce dernier (4 avril) et la perte de la Belgique. Les Autrichiens franchissent le Rhin, la Vendée se soulève, Toulon se livre aux Anglais, les Sardes prennent l'offensive dans les Alpes et les Espagnols menacent Perpignan. Mais peu à peu la situation se rétablit grâce à l'énergie de Carnot; Houchard est vainqueur le 6 septembre à Hondschoote, Jourdan le 16 octobre à Wattignies, Toulon est repris le 19 décembre par Dugommier grâce au rôle décisif du jeune capitaine Bonaparte; Hoche et Pichegru reprennent Wissembourg le 26 décembre, partout l'ennemi recule.


Après le répit de l'hiver, les grandes offensives françaises reprennent au printemps 1794. Le 10ème régiment de cavalerie est incorporé à l'armée de la Moselle. A Kircheim Poland, Lataye se signale en janvier 1794 par une action d'éclat: «à la tête d'un escadron, il attaque et met en déroute 400 hussards prussiens dont il fait un grand nombre de prisonniers». Dans le cadre de l'armée de Sambre-et-Meuse, le 16 juin suivant, en avant de Gosselies, près de Charleroi, «il charge à la tête de sa compagnie plusieurs bataillons autrichiens protégés par 7 pièces de canons et soutenus par la cavalerie; il poursuit les fuyards avec tant de vigueur et d'acharnement qu'il parvient à s'emparer de leur artillerie» .


Lataye est aussi présent à la bataille de Fleurus le 26 juin quand Jourdan l'emporte à la tête de l'armée de Sambre-et-Meuse sur le général autrichien Cobourg. Cette victoire figure dans les annales du 10ème régiment et «Fleurus 1794» brille en lettres d'or sur l'étendard du régiment. «Le 4 juillet (16 messidor), près de Nivelles, Lataye attaque à la tête d'un escadron 300 hussards de Barkau, les met en déroute et fait un grand nombre de prisonniers. Dans ce combat opiniâtre il reçoit un coup de sabre à la joue gauche» .


Nommé chef d'escadron le 28 juin 1795 (10 messidor an III), il se signale encore par son intrépidité le 3 septembre 1796 lors de la retraite de l'armée près de Wurtzbourg. «Commandant par intérim le régiment, il soutient pendant six heures la retraite sous un feu terrible d'artillerie, il attaque une ligne de cavalerie bien supérieure en nombre, la rompt, la disperse et fournit sur les 9 heures du soir à la clarté de la lune une charge impétueuse dans laquelle il culbute plusieurs bataillons autrichiens et parvient à reprendre la position au pied de laquelle fut tué le général Bonnot».


Avec le général Moreau à Hohenlinden.


Le 22 avril 1797 (3 floréal an V) Lataye est élevé au grade de chef de brigade (colonel). Il reçoit le commandement du régiment dans lequel il s'était engagé plus de 24 ans auparavant, - le 9 mars 1778 - comme simple cavalier et qu'il n'avait pas quitté depuis. Ce commandement il va le conserver pendant 9 ans et ne l'abandonnera qu'en 1806, époque où les infirmités l'obligeront à quitter le service actif.


Au cours des années 1799 et 1800, le 10ème régiment de cavalerie est incorporé à l'armée du Rhin que commande le général Moreau. Deux citations caractérisent le courage du colonel Lataye au cours de cette campagne sur le Danube: «Le 16 mai 1800 (26 floréal an VIII) près d'Erbach sur le Danube, il charge trois fois de suite pour reprendre deux pièces de canon qui venaient de tomber au pouvoir de l'ennemi; ces charges sont exécutées avec une folle audace contre des hussards et des hulans autrichiens soutenus par 3 lignes de grosse cavalerie. Les ennemis étaient six fois plus nombreux mais sans s'arrêter à la disproportion de ses forces, Lataye s'élance le premier dans les rangs et sabrant à droite et à gauche, il fraye le passage à ceux qu'animait son courageux exemple. La cavalerie autrichienne ne pouvant résister à ce choc impétueux, fut bientôt rompue et dissipée; elle cherche son salut dans la fuite, abandonnant deux pièces de canon dont elle s'était précédemment emparée, laissant au pouvoir du vainqueur plusieurs prisonniers et une centaine d'hommes hors combat».


Pour ce fait d'armes le colonel Lataye est proposé au Premier Consul pour l'obtention d'un sabre d'honneur. Cette proposition est signée par plusieurs généraux témoins de sa brillante conduite: Colaud, comte d'Empire et gouverneur d'Anvers; Legrand, comte d'Empire; Lacoste, baron d'Empire; Levasseur, baron, ainsi que Sainte Suzanne. Ce dernier n'est autre que le comte Gilles Joseph Martin de Bruneteau de Sainte Suzanne (1760­1830), lieutenant général, pair de France, qui avait épousé en 1798, alors qu'il était à la tête de la 8ème division militaire à Strasbourg, Dorothée Catherine Zorn de Bulach . Son frère, Jean Chrysostome, né le 4 mars 1773, maréchal de camp, inscrira son nom dans l'histoire de Sélestat; c'est lui qui aura mission de défendre la ville pendant le blocus de 1815 .


A partir de cette époque le colonel Lataye remplit les fonctions de général de brigade; il reçoit le commandement de la brigade de réserve qui participe avec éclat à la bataille de Hohenlinden. Cette victoire remportée par Moreau le 3 décembre 1800 sur les troupes autrichiennes de l'archiduc Jean permet aux Français d'avancer jusqu'à 25 kms de Vienne, contraignant l'empereur François - pour sauver sa capitale - à signer le 28 décembre l'armistice de Steyer, qui prépare le traité de Lunéville signé le 9 février 1801 entre la France et l'Autriche






























Le 10ème régiment de cavalerie reçoit sa cuirasse.


Après cette brillante campagne sur le Danube, le 10ème régiment de cavalerie revient en garnison dans la 5ème division militaire; il vient ainsi à Sélestat au début de l'année 1801 et séjourne à la caserne de cavalerie du Fischerbach. Ce repos, oh combien éphémère, permet à Lataye de fonder enfin un foyer. Agé de 46 ans il s'éprend d'une Sélestadienne, Marie-Anne Oberlé avec laquelle il se marie le 25 août 1801 (7 fructidor an IX). En ce geste il sera d'ailleurs imité par un chef d'escadron de son régiment, Jean-Baptiste Pierre Treuille de Beaulieu, qui épouse le 27 juin 1802 (18 messidor an XII) Marie­Anne Schultz, fille de l'entrepreneur des fortifications de la place. Mais quand ce dernier mariage est célébré, le 10ème régiment de cavalerie a déjà quitté la ville. Il va tenir successivement ses quartiers à Colmar, Neuf-Brisach, Belfort et Haguenau.


Au cours de son périple à travers les places fortes d'Alsace, ce régiment subit un important changement. L'arrêté consulaire du 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) apporte en effet de profondes modifications dans l'organisation de la cavalerie, qui devait comprendre 80 régiments: 2 de carabiniers, 12 de cuirassiers, 30 de dragons, 26 de chasseurs et 10 de hussards. Cet arrêté supprime aussi la dénomination générale de «régiments de cavalerie» qui avait remplacé en 1791 celle de «régiments de cavalerie légère». Les 9,10,11 et 12ème reçoivent la cuirasse et forment avec les 8 premiers, déjà munis de cet armement, le corps de cuirassiers. Autre changement encore: le chapeau est remplacé par le casque. Modifié dans son armement et dans sa tenue, le 10ème régiment de cuirassiers est aussi augmenté d'un escadron du 19ème de cavalerie supprimé.





 

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