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«FORTUNE, AVANCEMENT, TITRES, ARMES D'HONNEUR,
IL DOIT TOUT A LUI-MEME, ET RIEN A LA FAVEUR.»
Ces deux lignes que sa sœur Jeanne et son frère Louis firent graver sur le marbre de sa tombe caractérisent bien les mérites et l'honorabilité de ce vaillant officier sélestadien qui se distingua au cours des campagnes de la Révolution et de l'Empire.
Des monts du Forez ou du Brabant par le Val St-Grégoire ...
Henri Aloyse Ignace Baudinot est né à Sélestat au début du règne de Louis XVI dans une famille qui semble tirer ses origines du Forez ou du Brabant. Dans l'armorial général de Rietstap figurent en effet deux Baudinot issus de ces contrées.
L'arrivée de la famille Baudinot en Alsace se situe très probablement dans la deuxième moitié du XVIIème siècle. Elle s'installe à Munster où un Jean-Baptiste Baudinot occupe en 1697 la charge de bourgmestre. Il fait enregistrer ses armoiries le 22 novembre 1697 en même temps que François Baudinot, «prêtre, recteur et curé de Schelestat» du 18 décembre 1696 jusqu'à sa mort survenue le 20 mai 1719. Il s'agit là évidemment de deux frères de la première génération alsacienne de cette famille.
Le fils de Jean-Baptiste , prénommé Jacques, succède à son père dans la charge de bourgmestre de la ville de Munster. Son nom figure dans le registre paroissial de Sélestat en 1740 à l'occasion du mariage de son fils Jean-Baptiste II avec la fille d'un tanneur, Marie-Barbe Meyblum.
... à Bergheim et à Sélestat.
Jean-Baptiste II, le grand-père du baron, est licencié es lois et à l'époque de son mariage il est procureur fiscal de Bergheim et greffier du bailliage de Villé avec résidence à Bergheim. Ces deux fonctions il ne les exercera que jusqu'en 1749, date à laquelle il entre en service auprès du prince de Nassau Sarrebruck; il porte alors le titre de directeur général des fermes ou de conseiller intime de son altesse sérénissime le prince de Nassau-Sarrebruck et habite à Sarrebruck, où naissent la plupart de ses enfants. Ce changement coïncide avec le premier séjour dans la place forte de Sélestat du régiment de Nassau-Sarrebruck, plus connu sous le nom de Nassau. Ce régiment aura encore plusieurs fois l'occasion de servir en notre ville; il y tiendra ses quartiers au début de la guerre de Sept ans en 1771 et y reviendra une dernière fois au cours de l'année 1776. Plusieurs Sélestadiens y feront leur service: Louis Honoré Baudinot, fils de Jean-Baptiste II comme sous-lieutenant; le futur général François Schaal, aspirant d’artillerie depuis 1768 s'y engage le 10 mai 1770 avec le grade de sous-lieutenant.
Parmi les témoins de ce mariage figure le frère du marié, Matthieu Joseph, qui est avocat au Conseil Souverain d'Alsace en même temps que bourgmestre de la ville de Munster, charge apparemment héréditaire dans la famille puisque père et grand-père en avaient déjà été investis. Un fils de Matthieu, Benoît-Joseph, viendra d'ailleurs se marier à Sélestat le 4 février 1777 avec Mariette Brulon, fille d'Antoine, Directeur de vivres et de Cécile Pellyot de la Garde, fille de Louis, directeur des postes et receveur des finances.
Par son mariage, Jean-Baptiste II s'alliait à une famille très aisée de tanneurs de notre ville, qui se flattait de hautes relations: un fils de sa belle-sœur Marie-Catherine Meylan aura pour parrain Nicolas de Corberon, premier président de la Cour souveraine d'Alsace et «présentement conseiller du Roi», et pour marraine Anne Victoire de Lamoignon, épouse de René Nicolas de Maupéou (1714-1792), premier président du Parlement de Paris, futur chancelier de France.
Les époux Baudinot-Meyblum ont de nombreux enfants dont les deux plus connus à Sélestat sont Louis Honoré et Albert Eléonore, le père du baron.
Un oncle, Major puis Adjudant de la place de Schlestadt.
Louis Honoré, né à Sarrebruck, vient se marier à Sélestat; il est sous-lieutenant au régiment de Nassau, quand il épouse le 26 octobre 1778 Jacobée Couvillié, fille de Ignace, marchand, et de Jacobée Westermann, dont il aura six enfants. A la recherche d'une place plus sédentaire, il obtient en 1783 le poste d'aide-major et devient ainsi le second du marquis de Torcy, major de la place depuis 1768. En 1791, quand ce dernier est nommé commandant de place, Baudinot suivra le mouvement; il ne reste pourtant pas longtemps major; quand surviennent les premiers troubles révolutionnaires il est bientôt congédié. Dès le 24 août 1792 il reçoit un billet d'avertissement et il figure sur la première liste de suspects dressée le 10 décembre par l'assemblée municipale. Interné à Andlau, il est transféré par décision du 17 thermidor an II (14 août 1794) pour raison de santé ... et de soins au couvent des Capucins à Sélestat. Sa libération ainsi d'ailleurs que celle des autres détenus intervient encore avant la fin de ce mois d'août 1794.
Sa réintégration ou plutôt son «maintien dans l'adjudance de la place de Schlestadt» est proposé à Paris en date du 1er frimaire an IV (21 novembre 1795) dans le cadre de l'organisation militaire ; le 22 nivôse an IV (11 janvier 1796) le Directoire exécutif lui délivre le brevet d'adjudant capitaine avec prise de rang à compter du 24 thermidor (11 août 1795).
En tant que major il avait droit à un logement de service qui se situait dans la rue des Pucelles (actuellement rue Jeanne d'Arc). Le 24 août 1792 il avait reçu ordre de la municipalité de l'évacuer dans un délai de 15 jours, ordre annulé le 27 août, date à laquelle il fut autorisé à jouir de la maison jusqu'à sa vente moyennant un loyer de 25 livres par mois . Pour ne pas avoir besoin de déménager il s'en porte acquéreur, pour la somme de 8.700 livres, le dimanche 11 novembre 1792, quand la ville poursuit la vente des immeubles occupés par les officiers du corps d'état-major.
Il était aussi propriétaire de l'ancien hôtel du gouverneur, hôtel qu'il avait acheté pour 12.000 livres le S novembre 1787 quand la ville l'avait mis en adjudication après la mort du commissaire et ordonnateur des guerres Louis d'Olhassary, survenue le 24 juillet 1787. Cette demeure historique est l'ancien pied-à-terre des abbés du couvent cistercien de Baumgarten que la ville avait acheté en 1670 pour y installer le gouverneur.
La dernière trace de la présence de Louis Honoré Baudinot à Sélestat est la mention de son brevet d'adjudant de la place au début de l'année 1796. La date et le lieu de décès de cet oncle du futur baron sont inconnus. Du début du siècle jusqu'à la mort de Jeanne Baudinot en 1862, il semble que ce soit uniquement la famille de son frère Albert Eléonore qui ait habité l'ancien hôtel du gouverneur qui s'ouvre au 12 de l'actuelle rue de Verdun.
Militaire de père en fils ...
Albert Eléonore porte le grade de sous-lieutenant à la Légion de Conflans-Hussards, quand il épouse le 24 novembre à Sélestat Marie Jeanne jobart, fille de Henri lieutenant au régiment d'Anhalt et de Anne-Marie Breny. De cette union naissent quatre enfants qui mourront sans laisser de postérité; trois d'entre eux reposent avec leur mère sous le mausolée familial au cimetière nord.
Albert figure encore comme parrain au baptême de son neveu Marie Richard Alexandre, fils de Louis Honoré, le 3 avril 1788; il est alors capitaine au régiment de Cavalerie légère des Vosges. Il meurt à Perpignan probablement au cours des engagements dans les Pyrénées Orientales. Sa veuve sollicite le 16 pluviôse an V (4 février 1797) de l'assemblée municipale « un certificat d'indigence» pour pouvoir «obtenir la pension à laquelle elle a droit comme veuve d'un défenseur de la patrie mort en activité de service requis et commandé au nom de la République» .
«La valeur n'attend point le nombre des années ... »
Henri Aloyse Ignace est le second fils du capitaine Albert Eléonore et de Marie Jeanne Jobart. Né à Sélestat le 31 juillet 1776, il n'a en réalité pas encore 13 ans quand il se porte volontaire pour l'armée: il est en effet Incorporé le 1er mars 1789 au 8ème bataillon de Chasseurs à pied des Vosges, quand les autres enfants s'adonnent encore aux jeux de leur âge.
En 1792 - il n'a que 15 ans - il est nommé sous-lieutenant: c'est au début de la campagne de Savoie, qu'il termine comme lieutenant. La fierté du père, qui participe avec son « enfant-soldat» à ces premières batailles de l'armée de la Révolution, se traduit bien dans la lettre qu'il adresse à son épouse: "Ton fils, écrit-il, vient de se battre comme un petit lion, il a été nommé lieutenant sur le champ de bataille aux acclamations de tout le bataillon». Au cours des années 1794 et 1795 il participe à la campagne des Pyrénées Orientales, au cours de laquelle il perd son père.
Le 2 mars 1796 le Directoire nomme Bonaparte au commandement de l'Armée d'Italie. Baudinot fait partie de ces troupes «mal nourries, mal vêtues, mal armées», qui au printemps de l'an IV traversent les Alpes et se lancent vers les riches plaines du PÔ, volant de victoire en victoire jusqu'au traité de paix de Campo Formio, signé le 18 octobre 1797 entre la France et l'Autriche. Repos bien mérité à vrai dire après cinq années consécutives d'engagement depuis le 20 avril 1792, date de la Déclaration de la guerre au «Roi de Bohême et de Hongrie».
... du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent!
Mais pour Baudinot cette paix sera de courte durée. Il embarque le 19 mai 1798 à Toulon pour l'Egypte, non sans fierté de faire partie des 37.000 hommes de ce corps expéditionnaire composé en grande partie de l'ancienne armée d'Italie d'autant plus qu'il étrenne son grade de capitaine au 4ème régiment d'infanterie légère, qui le récompense pour son «attitude au feu» en Italie.
Le 21 juillet 1798 il participe à la victoire sur les Mamelouks aux Pyramides; il est présent aussi à la bataille d'Aboukir (24-25 juillet 1799), gagnée par Bonaparte à son retour de Syrie; il prend part enfin à la bataille d'Héliopolis, victoire remportée le 18 mars 1800 sur les troupes turques d'Ibrahim Bey par le général Kléber, qui trois mois plus tard (le 14 juin 1800) est assassiné par le jeune fanatique syrien Soleyman.
Un incident survenu au cours de cette campagne met en lumière autant la générosité que la bravoure du jeune capitaine de 24 ans. Dorlan qui rapporte cet acte d'héroïsme ajoute que Baudinot a conservé ce trophée ainsi qu'un riche poignard que lui avait offert Mourad Bey, le célèbre chef de Mamelouks qui, vaincu aux Pyramides, s'allia aux Français.
Si l'expédition d'Egypte se termine par un échec sur le plan militaire, le prestige de Napoléon se trouve renforcé auprès de l'opinion et un mois exactement après l'entrée en rade de Fréjus (9 octobre 1799) de la frégate Le Muiron, c'est le coup d'Etat du 18 brumaire. Pour Baudinot la campagne égyptienne semble bien avoir été la plus belle aventure de sa vie: il en a gardé un souvenir extraordinaire qui transparaît quelques dix ans plus tard dans ses armoiries.
Sélestat-Marckolsheim-Le Ried
Coupé, au I° : parti, à dextre, d'or à un cheval cabré de sable et, à senestre, des barons militaires; au 2° d'azur, à un sphinx mouvant du flanc senestre, duquel sort aussi un fleuve en fasce d'argent; le tout soutenu d'une champagne de sinople, sommée, à dextre, d'un palmier du même et chargée d'un crocodile passant d'or.
ACTE DE BAPTEME DU BARON BAUDINOT
église Saint-Georges 31 juillet 1776
SELESTAT - COLONEL BAUDINOT
Circuit Napoléonien (1er Empire)
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