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ORSCHWILLER -  CAPITAINE ALLIMANT

Circuit Napoléonien (1er Empire)

SOURCE: Annuaire des amis de la bibliothèque humaniste de Selestat

Article de Jean PONS

Année 1979 / pages 128 à 130



Si d'aventure vous visitez un jour le coquet village d'Orschwiller dans le vignoble au pied du Haut-Koenigsbourg, ne manquez pas d'aller admirer son église du XVIIIème siècle et de faire le tour de son vieux cimetière. Des pages d'histoire y sont inscrites. Vous remarquerez, entre autres monuments, une croix de grès rose à la fine sculpture sous laquelle un officier de la Grande Armée, François Antoine ALLIMANT, dort son dernier sommeil.


Hormis son dossier de pension au service historique de l'armée et un état des services, il n'existe pas, à notre connaissance, d'autre document permettant de retracer la carrière militaire de celui qui fut le capitaine ALLIMANT


Comme le montre clairement la généalogie jointe en annexe, tous ses ancêtres connus sont originaires de Saint-Hippolyte. Ce sont des vignerons ou des artisans. Mais au début du XIXème siècle la famille ALLIMANT s'installe à Orschwiller. C'est de là qu'un beau matin d'été, le 26 juillet 1792, le jeune Antoine (tel est son prénom usuel) part s'engager au 7ème régiment de chasseurs à cheval dont deux escadrons sont de passage à Sélestat. Il a à peine 19 ans. Une brillante carrière militaire s'ouvre devant lui. Il chevauchera à travers toute l'Europe, logera au Kremlin avec la garde impériale et totalisera 20 ans de campagne, autant que l'Empereur en personne! On peut en juger d'après son état des services:



                 



















Il sert pendant plus de huit ans au 7èmechasseurs à cheval. Pendant la campagne de l'Ouest, en Vendée il est blessé à deux reprises au genou et à la hanche par des coups de baïonnette. Grâce à sa prestance et à ses qualités militaires, le 28 mars 1801, il réalise enfin son rêve et est admis aux chasseurs à cheval de la garde impériale. A cette époque le prince Eugène, beau-fils de Napoléon, lui témoignera sa satisfaction pour sa manière de servir en lui faisant cadeau d'une montre en argent. Cet oignon, que la famille ALLIMANT conserve avec fierté, porte les mots suivant gravés dans son boîtier: « Le colonel-général de Beauharnais à Antoine ALLIMANT pour sa bonne conduite».


Le 14 mars 1806, ALLIMANT est simple brigadier lorsqu'il est fait chevalier de la Légion d'Honneur. Les actions d'éclat ayant motivé cette nomination ne sont pas connues. Nous savons cependant qu'à Austerlitz un coup de sabre lui a profondément entaillé la main gauche. Le 1er février 1808, ALLIMANT devient sous-officier en accédant au grade de maréchal des logis, puis, le 6 décembre 1811, officier avec le grade de lieutenant en second. Il participe donc comme officier à la campagne de Russie en 1812. Dans les rangs de la garde impériale, il pénètre à Moscou le lundi 14 septembre. Il y passe plus d'un mois et assiste à l'incendie d'une partie de la ville. A partir du 19 octobre débute la retraite décidée par Napoléon qui ne peut se résoudre à rester plusieurs mois inactif.


La tradition orale de la famille ALLIMANT intervient ici et précise dans quelles conditions leur ancêtre reviendra au pays: alors qu'au départ de Moscou la plupart de ses camarades se chargent de bijoux, d'or et d'objets de valeur, ALLIMANT, lui, se procure des pains de sucre et les arrime sur son cheval. Ce sucre lui permettra de rentrer en France, amaigri certes, mais en bonne santé, ainsi que sa monture. Et pourtant le 28 novembre il aura été un des derniers à franchir la Bérésina.


A son retour en France le 27 février 1813. il est promu lieutenant en premier. Le 2 avril 1814 ALLIMANT est nommé officier de la Légion d'Honneur. Son état des services daté du 1-10-1815 de Loudun dans la Vienne, son avant-dernière garnison, alors qu'il appartient aux chevaux légers lanciers, nous renseigne sur l'épisode de la campagne de France qui lui vaut cette haute distinction:


« Cet officier étant en reconnaissance avec 17 chasseurs de la Garde entre Arcis-sur­Aube et Mantes fit 74 prisonniers dont 2 officiers, prit 13 pontons, 2 fourgons, 1 caisson et 99 chevaux. L'Empereur ayant appris cette action lui accorda la croix d'officier de la Légion d'Honneur».Ce sera son dernier fait d'armes.

 


ALLIMANT aura la chance de ne pas participer aux derniers combats marquant la chute de l'Empire, évitant sans doute un sort tragique.


Mais avoir servi comme officier dans la garde et se retrouver à Loudun, puis à Grenade, toute petite garnison du Tarn et Garonne, n'est pas du goût du vieux soldat. L'épopée est bien terminée. Le 1er septembre 1815 il demande sa mise à la retraite. Il lui faudra patienter plusieurs mois avant d'obtenir gain de cause. Un mémoire de proposition destiné au bureau des soldes de retraite du ministère de la guerre est établi à Grenade le 15 novembre 1815, par le conseil d'administration de son régiment. Il comprend un certificat de visite d'un chirurgien, et un certificat de contre-visite de l'officier de santé en chef de l'hôpital de Castelsarrasin; tous deux concluent à l'admission à la retraite pour cause de blessures et d'infirmités. ALLIMANT souffre, en particulier, de douleurs rhumatismales aux épaules, qui s'avivent lorsque le temps est froid et humide. La solde de retraite lui est enfin accordée par décision du roi le 23 mars 1816: « Le sieur ALLIMANT Antoine, lieutenant en premier au corps des lanciers de l'ex-garde ... , est admis à la retraite du grade de capitaine officier de la Légion d'Honneur». Sa retraite, grâce à ses campagnes, atteint le maximum, c'est-à-dire 1200 Francs par an. Il s'agit de francs-or. A titre de comparaison un autre officier de la garde impériale, le célèbre capitaine Coignet, se trouve en demi-solde à Auxerre. Il raconte dans ses mémoires que sa pension et son logement ne lui coûtaient que 45 francs par mois «avec un petit pot-au-feu d'une livre et demie pour deux jours». Et à Orschwiller la vie est moins chère qu'à Auxerre! Le capitaine ALLIMANT rentre donc au pays. Il a un peu plus de 42 ans. Son père Jean Georges est mort en avril 1815, sa mère est décédée depuis longtemps. En homme sage, il commence à placer son argent et achète plusieurs lopins de terre qu'il saura mettre en valeur. Et puis, un peu comme l'Ami Fritz dans l'œuvre d' Erckmann­-Chatrian, il tombe amoureux d'une jeune et jolie fille d'Orschwiller, Barbara Ruhlmann. Elle a vingt ans de moins que lui. Le mariage est célébré le 6 décembre 1816 ; ce jour-là, elle fête son vingt-troisième anniversaire. L'union sera heureuse; le couple aura une nombreuse descendance qui se perpétue de nos jours à Orschwiller. La tradition orale de la famille veut que le jeune Antoine, lorsqu'il se rendait à Sélestat pour s'engager au 7ème chasseurs à cheval, ait rencontré une personne qui allait à Kintzheim pour y faire baptiser un enfant de sexe féminin par un prêtre réfractaire. Ayant eu connaissance du fait, Antoine aurait déclaré à son interlocuteur: «un jour je l'épouserai». Cette fille n'était autre que Barbara. Fiction ou réalité? Quoiqu'il en soit, cette histoire est trop belle pour ne pas être rapportée ici.


Soignant ses vignes, élevant ses enfants, Antoine ALLIMANT saura également se consacrer au bien public. De 1826 à 1830, il est maire d'Orschwiller. Lorsqu'il décède le 18 septembre 1848, âgé de 75 ans, il est entouré du respect unanime et de la considération de ses concitoyens. Pour eux, il est celui qui a combattu à travers toute l'Europe aux côtés du grand Empereur.

Campagnes


au Rhin 1792 à l'Ouest 1792 et 1793                                  

expédition du général Hoche An2                  

Sambre et Meuse An 4                                 

en Suisse An 5                                                                       

en Italie An 6 et 7                                       

en Hollande An 8 et 9                                    

à Boulogne An 12 et 13                                 

en Autriche an 14 et 1806                             

en Prusse 1807                                             

en Espagne 1808                                          

en Autriche 1809                                          

en Russie 1812                                             

en Saxe 1 813                                              

en France 1814                                             

 

Années


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