Les circuits proposés
WITTERNHEIM- NEUNKIRCH/ BINDERNHEM
13 au 16 Décembre 1944
Au début du mois de décembre 1944, les habitants de Witternheim sont anxieux, les premiers obus sont tombés sur le village. La population s’est réfugiée dans les caves et plus particulièrement dans l’ancien presbytère et attend les libérateurs car tous savaient que des villages comme Roosfeld, Friesenheim, Herbsheim,etc…étaient libérés. Et pourtant les Allemands exigent toujours que les hommes présents et valides participent à la construction de travaux de protection et de défense aux abords de la cité.
1) Les forces en présence début décembre
Côté français
Début décembre, le général de Lattre de Tassigny commandant la 1ère Armée française, obtient le détachement de la 36ème Division d’Infanterie U.S. et de la 2ème Division Blindée (2ème D.B.), cette dernière devant être affectée au 2ème Corps d’armée du général de Monsabert.
Le 9 décembre, le 1er Régiment de chasseurs parachutistes (R.C.P.), qui a rejoint la veille Gerstheim, est rattaché à la 2ème D.B.
Dans la nuit du 12 décembre, le général de Lattre envoie une lettre au général commandant le 2ème Corps d’armée lui demandant de prendre effectivement sous son commandement la 2ème D.B.
Le général de Monsabert aura donc la responsabilité de l’opération Witternheim.
Le 12 décembre au matin le général de Monsabert alerte le chef de corps du 1er R.C.P., le 1er Bataillon est mis à la disposition du Groupement Tactique Warabiot de la 2ème D.B. à partir de 16heures. Le P.C. de ce groupement se trouve à Sand.
Côté allemand
Le 305ème Régiment d’infanterie tient une première ligne de front qui s’échelonne du Rhin à l’Ill en passant par Diebolsheim, Bindernheim, Hilsenheim, Muttersholtz et se termine au Sud-est de Sélestat.
Le 235ème Régiment d’infanterie tient une 2ème ligne partant de Diebolsheim, s’orientant vers le Sud par la R.N.68, pour passer par Sundhouse, Wittisheim et rejoindre la première à Muttersholtz.
Des batteries d’artilleire sont postées entre Bindernheim et Hilsenheim de même que quelques blindés assistés par des éléments du Génie.
Le 305ème Régiment d’infanterie à en charge la surveillance de tout le territoire au Nord de Witternheim de la route de Rossfeld au canal du Rhône au Rhin. Des postes de guet de quelques hommes, fortement armés, sont astucieusement disposés pour couvrir tout le terrain. Le clocher du monastère « Ave Maria » de Neunkirch sert d’observatoire pour l’artillerie allemande.
2) La bataille en quelques lignes
Journée du 13 décembre 1944
En début de matinée la ferme Riedhof est enlevée ; dans l’après-midi les villages de Witternheim et de Neunkirch sont pris à leur tour.
Au soir du 13 décembre, Witternheim est tenu et protégé par des éléments du Groupement Tactique et Neunkirch, par le 1er bataillon du 1er R.C.P.
Journée du 14 décembre
L’opération projetée pour la prise de Bindernheim échoue à 1,3 km du village.
Le Groupement Tactique se replie sur Witternheim et Neunkirch pour s’y installer défensivement.
Journée du 15 décembre
La violente contre-attaque allemande menée par deux bataillons et une dizaine chars pour reprendre Neunkirch est bloquée aux lisières du village, mais l’ennemi maintien la pression jusqu’en fin de journée.
Journée du 16 décembre
Une seconde contre-attaque ennemie est repoussée dans la région de Witternheim.
En fin d’après-midi le 1er bataillon quitte Neunkirch et regagne Gerstheim où les compagnies retrouvent leur cantonnement.
La bataille a été très meurtrière principalement au sein du 1er bataillon du 1er R.C.P. :
Au soir du 16 décembre, le bilan s’établit comme suit : 37 tués, 9 disparus, 147 blessés et 70 pieds gelés ;
3) Dans son livre « Histoire de la 1ère Armée française » le Général de Lattre de Tassigny a évoqué cette terrible bataille en quelques lignes, pages 334 :
« C’est à des unités intactes que se heurte notamment le 1er Bataillon du Régiment de Parachutistes rattaché au groupement tactique lorsque, le 13 décembre, il est lancé contre le village de Witternheim qui fait hernie dans le front entre Rhinau et la ferme Riedhof, les parachutistes de Faure se trouvent bientôt engagés dans des combats d’une violence inouïe et d’autant plus meurtriers qu’ils ne disposent pas d’un soutien de chars. Ils finissent pourtant par rester maîtres du village mais il leur en a coûté des pertes terribles : 33 tués et 147 blessés sur un effectif combattant de 511 officiers, sous-officiers et chasseurs ».
4) Dès le 18 décembre, redoutant une attaque, les habitants de Witternheim sont invités à quitter le village pour se réfugier à l’Ouest de l’Ill dans les villages de Westhouse, Huttenheim, Bolsenheim,etc….
Toutefois ce n’est que le 7 janvier, dans la matinée, que les deux villages seront repris par les Allemands.
A partir du 20 janvier démarre l’opération visant à la réduction de la poche de Colmar.
Dans le cadre de cette grande offensive, l’ennemi pour ne pas être encerclé se retire et c’est ainsi que Witternheim est libéré une seconde fois le 31 janvier 1945.
Le 29 janvier vers 18h00, les Allemands en quittant le village dynamitent l’église ; il ne reste plus qu’un amas de pierre.
Les habitants de Witternheim ne reviendront qu’au début de février et trouveront la plupart des maisons détruites ou pillées (le village a été détruit à 80%) et les bêtes mortes.
Trois victimes civiles sont à déplorer durant ces événements. Le village pleurera également ses 18 incorporés de force non rentrés.
WITERNHEIM