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Circuit Napoléonien (1er Empire)

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« Pour l'ancien chasseur du 1er Bataillon de Choc devenu aujourd’hui Secrétaire National de l'Association «Rhin et Danube », c'est un très grand honneur de prendre la parole à l'occasion de l'inauguration d'une Stèle à la Gloire de Jean de Lattre de Tassigny,  Maréchal de France.


J’en mesure d'autant plus le haut prix que c'est en votre présence, Madame la Maréchale, que je le fais, vous qui fûtes au  long de sa vie, sa compagne et son témoin et qui, à nos yeux, symbolise ; cet être passionné et passionnant dont la vie appartient autant à l'imagerie qu’à  l'histoire.


Aussi bien, qu’il me soit permis avant tout, Madame, pour votre présence parmi nous aujourd’hui, de vous remercier sincèrement et de vous prier de recevoir nos hommages déférents et  fidèles.


En élevant une stèle à la mémoire du Maréchal de Lattre, Sélestat rend à un grand chef de guerre un hommage auquel ses anciens soldats sont sensibles. En leur nom je remercie la ville, son maire actuel, le Docteur Kretz. Son ancien maire, le Docteur Kubler, Messieurs Griesmar et Fassnacht et je leur exprime notre reconnaissance.


La vie du Maréchal de Lattre vous en connaissez tous les lignes de force. Il serait trop long de parler de chacune d'elle. Je vais donc simplement rappeler celles qui ont le plus marqué l'humble soldat que j’ai été au sein de la 1ère Armée Française avec laquelle j'ai combattu en Corse, à l’île d'Elbe, à Toulon, dans la Vallée du Rhône, dans les Vosges, en Alsace, en Allemagne et en Autriche.  Le Maréchal a été un Soldat, qui avait le sens du Devoir et qui ne voulait pas subir. Il a été un Soldat. Et ce métier fut chez lui la réalisation d’un rêve d’enfant, puisque, à 7 ans, il répondra à quelqu'un qui lui demandait ce qu'il ferait plus tard: « Moi je serai Général ou Pape », De fait la vie de soldat a été la vocation de toute la vie de Jean de Lattre de Tassigny : Soldat en 14-18, Soldat en 25 au Maroc, Soldat en 39-45, Soldat en Indochine en 50-51.


Ce qui le caractérisait c'était son courage (ses 18 citations et ses 6 blessures en témoignent. Par ailleurs il avait de l'entrain, de la fougue, du commandement et le plus grand désir de toujours bien faire. Il mettait de la passion dans tout ce qu'il faisait, mais jamais, dans tout cela, il n'a perdu de vue le rôle social de l’officier, Pour lui, un officier, s'il avait pour métier d'enseigner le tir, I' équitation ou les techniques de combat, devait également être très proche de ses hommes. Et, lui, mettant en pratique ce qu'il demandait aux autres  de faire dans ce domaine, il les aimait ses hommes et il provoquait leur affection. Il n'est entre autre exemple, que de lire la lettre qu'il adressait à un de ses soldats évacué pour blessure grave. C'est une lettre émouvante, trop longue malheureusement pour être citée en entier, et qui s’achevait ainsi : « Donnez-moi de vos nouvelles souvent, Je vous embrasse affectueusement, ».


Et qui n a pas entendu parler du Général De Lattre qui voulait pour ses troupes d’excellents casernements, une bonne nourriture. de la propreté, du sport ?


J’avais 18 ans lorsque j'en ai entendu parler.


C'était en Tunisie, en 1941. Mes professeurs, les Pères Beneteau, Vinet, Cadoret que vous connaissez bien, Madame Ia Maréchale, puisqu'ils étaient aussi, à cette époque, les professeurs de Bernard, me parlaient de cet Officier Général qui révolutionnait I' armée parce qu'il accordait sa considération aux humbles et aux sans grade.


« S'il ne pardonnait rien à ceux qui assumaient de hautes responsabilités, me disaient-ils, il réservait des trésors d'indulgence et de compréhension humaine pour la misère des soldats. »


Je ne savais pas, alors, que 4 ans plus tard, j’allais pouvoir me rendre compte par moi même que le Général de Lattre, effectivement, s'il était dur, soutenait, jusqu'à la faiblesse ceux qu'il aimait, c'est-à-dire, entre autres, nous les humbles. A l'île d'Elbe, en pleine bagarre, il vint inspecter un poste avancé dont je faisais partie. Il a tenu à serrer la main de chacun de nous, et, pour chacun de nous, il a voulu savoir d'où I'on venait, ce qu'on faisait dans le civil, si nous avions des nouvelles de nos familles, si nous avions des problèmes, etc.


A Froideconche, après les durs combats du Ballon de Servance, nous venions d'arriver pour quelques jours de repos bien mérités. Nous étions exténués. Pas question de repartir tout de suite. Et bien, le Général de Lattre vint nous rendre visite le repos à peine commencé. Nous n'étions pas heureux. Et pourtant, en quelques mots et quelques gestes attentionnés, il sut nous galvaniser et nous redonner les jambes que nous n'avions plus, et le soir même, nous repartîmes  à   I' attaque. Pour lui, nous aurions tout fait. Au Soldat nous répondions en Soldat. Et j’aime beaucoup la définition qu’en donnait le Général De Gaulle en 1961 : « II fut un soldat. Ce que l'ordre militaire comporte à la fois d'éclat et de refoulement, de passion et d'obéissance, d’exaltation et de mélancolie, bref ce combat intérieur qui est l'honneur et la douleur de ceux qui servent sous les armes, son action en était marquée parce que son âme la ressentait au plus haut degré possible»,


Ces mots, devant vous, Madame la Maréchale, en présence de nombreuses personnes qui ont eu le privilège de servir ce grand chef de guerre, trouvent un grand écho. Il avait le sens du Devoir. Trois exemples choisis parmi tant d’autres mais très significatifs.


D'abord en Novembre 1945, après avoir enfin obtenu le commandement de toute l'armée, il fit part de ses projets sur la future organisation militaire en France. En réponse on lui impose un contre plan qui va plutôt dans le sens d'une réduction très importante des effectifs. Jean de Lattre  va t’il accepter d’accomplir une telle besogne que I' armée ne lui pardonnerait jamais ? Ou va-t-il démissionner avec éclat ?


Par devoir, professant le respect du pouvoir établi, bravant l'impopularité, il demeure en place afin d’essayer plutôt de minimiser les conséquences des décisions gouvernementales. Et, de fait, il réussira à concrétiser quelques unes de ses idées.


Ensuite, lorsque le poste de Commandant en Chef des Armées de Terre des Puissances de l'Europe Occidentale lui est proposé, c'est, écrit-il, « par devoir, par discipline, dans un  acte de foi envers son pays et les nations alliées » qu'il l'accepte. Il savait pourtant que c’était là une mission redoutable, lourde de responsabilités sans précédent, et une mission  de sacrifice. Il l'accepte sans condition et sans  restriction.


Enfin, plus tard, en Décembre 1950, c'est encore    « pour le pays et par devoir» que, salué par des centaines d'anciens combattants de la 1ère Armée Française venus de tous les coins de France, il prendra à Orly, l'avion pour l'Indochine.


Cette mission était autrement redoutable que celle qui l'avait conduit à Londres, Bruxelles, La Haye, Luxembourg et Fontainebleau. Mais c'est pour le pays qu'il accepte ce nouveau devoir.


Il n'aimait pas subir. La mâle et fière inscription: «  Ne pas subir » qui somme le mur du Monument érigé à Paris à la gloire du Maréchal de Lattre c'était sa devise. Elle résume en lui la noblesse du courage et celle de l'amour de la Patrie. Deux exemples remarquables.


En 1912, à Pont-à-Mousson où il était au 12ème   Régiment de Dragons, il fait jurer à ses hommes de délivrer, le moment venu, l'Alsace et la Lorraine que nous avions perdues en 1870, défaite dont il ne voulait pas subir la honte. Il n’accepte pas non plus la défaite de 1940.


Et à Opme, comme à Salambô, à Montpellier comme à Londres et à Alger, il prépare sans cesse avec opiniâtreté la revanche.


Aussi, après une épopée légendaire qui dura 9 mois, d'août 1944 à mai 1945, il conduit l’Armée de la Victoire, de Toulon au cœur de I' Allemagne après avoir libéré le tiers du sol national.


Il avait permis à la France de reconquérir à nouveau I' Alsace et la Lorraine si chères à son cœur, et de retrouver sa place parmi les grandes nations.


Cela lui valut, et le jour même de la signature de l'acte de capitulation, le 8 Mai 1945, la décoration suprême réservée aux Officiers Généraux ayant commandé en chef victorieusement, la Médaille Militaire. Illustrant de la manière la plus noble qui soit la devise de celle-ci:  « Valeur et Discipline ».


Et cette distinction, à laquelle il tenait beaucoup et qu'il portait avec fierté, le rattachait à  ceux qu’il aimait le plus, c'est-à-dire aux humbles du rang qui, au sein de la l’ Armée Française, titulaires aussi de cette médaille, furent les meilleurs artisans de sa gloire. Parmi eux, son fils Bernard.


Oui vraiment, le Maréchal de Lattre de Tassigny s'est voué tout entier à la Patrie.  Comme I' écrivait Monsieur Georges Bidault. « il lui a tout donné: ses victoires. son fils et sa vie », Il n' est que juste que les Français lui rendent hommage à Sélestat, aujourd’hui, comme cela fut à Paris en 1981, comme cela a été dans beaucoup de villes et comme cela sera sans aucun doute encore là où cela n’a pas été fait.


Mais, que son exemple surtout survive pour que Vive la France! »

 


Après le dépôt de gerbe au monument aux morts place de Ia République, le maire reçut les participants au caveau de la salle Sainte-­Barbe et remit à Madame la Maréchale ainsi qu'à Monsieur Paoli la médaille de la ville. Différentes personnes prirent encore la parole à cette occasion, le président Eugène Griesmar au nom du Groupement des Associations Patriotiques, le Docteur Kubler, président d'honneur pour la section des Anciens de Rhin et Danube de Sélestat et le député Germain Gengenwin.


Cette belle matinée de fête se termina par un repas en commun des Anciens de Rhin et Danube et de leur famille, repas qui fut honoré par Madame la Maréchale et le secrétaire général Paoli et qui eut lieu à la salle Sainte-­Barbe où une amicale ambiance de détente animait ces anciens aux joies toujours mitigées du souvenir et du culte des autres.


 


(2) En son souvenir le  Centre Bernard de Lattre a été créé en 1950 à Wildenstein au fond de la vallée de Thann par les autorités et les habitants du Haut­-Rhin en témoignage de reconnaissance envers les Anciens de la première armée française, libérateurs de I'Alsace.

SELESTAT, MARECHAL DE LATTRE

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