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Circuit Napoléonien (1er Empire)

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SOURCE:

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        humaniste de Selestat

          Article de Maurice KUBLER

          Année 1983 / pages 103 à 108


















Au lendemain de la mort du général de Gaulle, le 10 novembre 1970, au cours de l'assemblée générale des officiers de réserve, nous avions suggéré l'érection d'un monument qui concrétise l'hommage et la reconnaissance de la ville au " plus illustre des Français", qui, depuis un certain 18 juin 1940, personnifiait, pour toute la France et pour l'Alsace tout particulièrement, la liberté. L’espoir et le renouveau.


L'installation de ce monument par la ville. Avec le concours du groupement des associations patriotiques s'est réalisée début 1973 et son inauguration donna lieu au soir du 18 juin à une cérémonie empreinte de dignité et de recueillement.


« La stèle est formée d'un bloc de grès des Vosges sorti de la forêt du Haut­-Koenigsbourg. Depuis la nuit des temps, bien avant que Charlemagne ne fit, en 774, cadeau de la forêt du Stophanberg à son chapelain Fulrad, abbé de Saint-Denis. Cette pierre solitaire attendait là-haut, près de la cime, son heureuse destination».


 Le médaillon de bronze de 50 centimètres de diamètre sort des ateliers de la monnaie de Paris. Il reproduit l'avers de la médaille gravée en 1970 par l'artiste Charlotte Engels à l'occasion du 30ème  anniversaire de l'Appel du 18 juin.


Le général y est représenté tel que Londres l'accueillit dans l'après-midi du 17 juin 1940. Le chef de la France Libre apparaît, vu des trois-quarts face, et coiffé de son képi à deux étoiles. Le visage, jeune encore est énergique, tendu vers son noble but, et, dans les yeux, passe comme un lumineux reflet, celui de la patrie absente, vers qui s'envole l'appel.


«La première chose à faire, écrit-il dans ses mémoires. était de hisser les couleurs. La radio s'offrait pour cela. Dès l'après-midi du 17 juin, j'exposai mes intentions à M. Winston Churchill. Naufragé de la désolation sur les rivages de l' Angleterre, qu' aurais-je pu faire sans son concours? Il me le donna tout de suite et mit, pour commencer, la BBC à ma disposition. Nous convînmes que je l'utiliserais lorsque le Gouvernement Pétain aurait demandé l'Armistice. Or, dans la soirée même, on apprit qu'il l'avait fait. Le lendemain à 18 heures, je lus au micro le texte que l' on connaît ».


 Le voici:


« Les chefs, qui depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi, pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.  Mais le dernier mot est-il dit? L'espérance doit-elle disparaître? La défaite est-elle définitive? Non!


Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n'est pas seule! Elle n'est pas seule! Elle n'est pas seule! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites, l'immense industrie des Etats-Unis.


Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.


Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.


Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres ».


« A mesure que s'envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j'avais menée dans le cadre d'une France solide et d'une indivisible armée. A quarante-neuf ans, j'entrais dans l'aventure comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries».


Durant toute l'année un fleurissement, digne de l'homme dont il perpétue la mémoire, entoure ce monument, un massif fleuri au milieu duquel les jardiniers de la ville reproduisent fidèlement les armoiries de Sélestat réalisées avec les traditionnelles echeverias et alternanthéras. L'illumination du rocher donne un cachet du plus bel effet, même sous la neige.


La dénomination - en 1946 - de la place , que rehausse et décore le mémorial du 18 juin 1940, évoque un autre épisode de la vie du général de Gaulle, à vrai dire, un moment pathétique pour l'histoire de la France.


Rappelons-nous qu'en quittant le sol de la France en juin 1940 pour continuer la lutte, de Gaulle, nommé le 10 mai général de brigade à titre provisoire, venait de démissionner du dernier gouvernement de la IIIème République, dont il fut membre pendant exactement dix jours. Le 5 juin en effet, lors du remaniement de son ministère, Paul Reynaud avait confié à de Gaulle le sous-secrétariat d'État à la Défense Nationale, créé en pleine débâcle pour renforcer son cabinet.


Tout au long de son exil. de Gaulle avait en permanence le souci de la légalité et de la légitimité républicaines de son entreprise pour la France.


Aussi, après le ralliement de la France d'Outre-Mer à la France Libre, eut-il soin de fonder en juin 1943 à Alger - et non à Londres - le Comité Français de la Libération Nationale (CFLN), qu'il co-présidait au début avec Giraud et qui fut reconnu par les alliés à partir d'août.


Par ordonnance du 3 juin 1944 , trois jours avant le débarquement en Normandie, il érigea le CFLN en un Gouvernement provisoire de la République Française (GPRF). Créant par cette voie l'instrument politique de retour à la légalité républicaine et à la mise en place d'institutions rénovées par rapport à celles qui avaient été instaurées par la constituante de 1875. Le GPRF s'installa à Paris dès le 25 août 1944. « Sa composition reflétait l'union des forces politiques traditionnelles avec celles qui sont issues de la Résistance et donc, la continuité du régime républicain par le détour de Londres et d'Alger et malgré l'intermède de l'État Français de Vichy. dont la légitimité est par là même niée ».


La pierre d'achoppement au début de la IVème  République fut évidemment l'élaboration de nouvelles institutions et, dans ce domaine, le chef du Gouvernement, imprégné des leçons des dix dernières années, était en opposition formelle avec les partis. II ne s'en cachait nullement, même après le résultat positif du référendum du 21 octobre 1945.


« ... Tandis que le sentiment de la masse se montrait disposé à surmonter les divisions, à suivre de Gaulle dans la voie du redressement national, à approuver son projet d'instituer un État fort, l'activité politique s' orientait dans un sens opposé» .


Son amertume allait grandissante …


« Voici novembre, poursuit-il dans ses mémoires. Depuis deux mois la guerre est finie, les ressorts fléchissent, les grandes actions n'ont plus cours. Tout annonce que le régime d'antan va reparaître moins adapté que jamais aux nécessités nationales. Si je garde la direction, ce ne peut être qu' à titre provisoire. Mais, à la France et aux Français, je dois encore quelque chose: partir en homme moralement intact».


Pourtant, le 13 novembre l'assemblée nationale l'élit à l'unanimité des cinq cent cinquante cinq votants, Président du Gouvernement de la République Française - qui dès lors cesse d'être provisoire en proclamant que « Charles de Gaulle a bien mérité de la patrie ».


Mais les jeux sont déjà faits.


Le chef de la France Libre reste encore à la tête du Gouvernement pour assurer la transition nécessaire et démissionne le 20 janvier 1946.


« Tandis que le personnel du régime se livrait à l' euphorie  des habitudes retrouvées, au contraire la masse française se repliait dans la tristesse. Avec Charles de Gaulle s'éloignaient ce souffle venu des sommets, cet espoir de réussite, cette ambition de la France, qui soutenaient l'âme nationale ».


 


C'était bien là aussi l'état d'âme des édiles de Sélestat quand quelques jours plus tard, le 29 janvier, ils se réunissent pour dénommer le «Rond-Point du Tricentenaire 1634-1939 » Place du général de Gaulle en hommage respectueux à celui qui venait de guider pendant presque six années les destinées de la France.


Le 10ème anniversaire de l'installation du mémorial fleuri de la place du général de Gaulle a donné l'occasion d'évoquer grâce à quelques extraits de ses mémoires, la personnalité historique de l'homme du 18 juin 1940 et l'importance de l’Appel pour la France dans la suite des hostilités.


Un autre souvenir reste attaché à cette place, c'est celui du départ du général en janvier 1946 et son exil à Colombey-les-deux-Eglises.


Mais l'année 1983 marque aussi le 25ème anniversaire de son retour aux responsabilités nationales à travers les événements de 1958: la création de la Vème République à la suite de l'approbation d'une nouvelle constitution par le référendum du 28 septembre, constitution démocratique dont à présent jouissent même ceux qui ne l'avaient pas voulue, et, le 21 décembre enfin, l'élection du général de Gaulle à la présidence de la République.


Pour l'histoire de la France, un épisode glorieux qu'on ne peut oublier!

SELESTAT, GENERAL DE GAULLE

Sélestat-Marckolsheim-Le Ried

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