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Alsace, coup de main d’Ebersmunster, 27 décembre 1944
D’après les comptes rendus des commandants des 6ème (capitaine Kochanowski) et 7ème Escadrons (lieutenant Oddo).
Le village d’Ebersmunster est coupé en deux par l’Ill. La rive Ouest est tenue par des éléments du 1er R.M.S.M.( Régiment de Marche des Spahis Marocains). La rive Est par les Allemands. Cette situation dure depuis un certain temps et comporte de multiples inconvénients. En particulier, les tours de l’église monumentale qui domine le village fournissent à l’ennemi des observatoires excellents. Le colonel J.S.Remy, commandant le G.T.R., charge les 6ème et 7ème Escadrons de la prise du village.
L’opération est fixée au 27 décembre. Il fait froid et beau. La lune est pleine ; il y a un peu de neige par endroits.
Le succès doit être recherché par la surprise et la rapidité. Aussi aucune préparation d’artillerie n’est prévue. Seul un tir d’engagement, déclenché après le débouché de l’attaque, doit prévenir l’arrivée des renforts.
La préparation est faite avec le plus grand soin. Un piège a été tendu à une relève allemande pour avoir des renseignements de prisonniers ; le Piper-Cub a rapporté des photographies. Enfin, la nuit précédant l’attaque, le capitaine Kochanowski a fait avec quelques hommes une reconnaissance personnelle à la faveur de l’obscurité jusqu’à moins de 10 mètres d’un poste de guet ennemi.
Au retour, il fait exploser une mine sur son passage et a la chance de n’être pas atteint.
A l’heure H, les groupes sont à pied d’œuvre ; les hommes portent le chèche croisé sur la poitrine comme signe de reconnaissance. Ils ont leurs grenades, leurs fusées, leurs outils et même leurs échelles.
Les défenses sont en effet redoutables. Il y a une rivière à franchir, des murs à escalader et des champs de mines à traverser. Les deux escadrons doivent prendre le village en pince et faire leur jonction sur la place de l’église.
Dès le départ, un peloton du 6ème Escadron éprouve des difficultés. Des mitrailleuses ennemies l’empêchent de franchir la rivière et le mur du cloître ; qui se succèdent. Malgré un tir de fumigènes, deux tentatives échouent. La mitrailleuse allemande rase le mur, et toute personne qui se présente à la crête est immédiatement balayée. Pourtant, le chef de peloton lui-même fait une troisième tentative, place une autre échelle et arrive à bondir par-dessus le mur, tuant les servants allemands sur leur pièce. D’un groupe de combat engagé dans ce coin, il restera finalement un survivant.
De son côté, le 7ème Escadron est tombé sur le champ de mines. Les groupes de combat s’y engagent les uns après les autres, sans se laisser arrêter par les pertes et affrontant ce danger sournois avec une sérénité parfaite. On voit les Spahis, les uns après les autres, dépasser leurs camarades tombés et avancer méthodiquement ; lorsqu’ils sautent à leur tour, ils sont aussitôt dépassés par d’autres, jusqu’à ce que, finalement, le champ de mines traversé et les armes automatiques qui le gardaient réduites au silence, le 7ème Escadron puisse rejoindre le 6ème sur la place du village.
On ne peut mieux faire pour illustrer ce fait d’armes que de reproduire entre autre la citation du maréchal des logis de R.D. :
« ……. Après avoir franchi l’Ill à la tête de son groupe de combat, à quelques dizaines de mètres d’une mitrailleuse allemande, et traversé un champ de mines anti-personnel, où il a été blessé et a laissé en tués et blessés les 2/3 de son effectif, a attaqué et occupé avec deux de ses hommes les premières maisons du village tenues par l’ennemi. Ayant reçu du renfort et dépassé un autre groupe, s’est personnellement porté au secours des blessés gisant dans le champ de mines. Bien que blessé de nouveau à deux reprises, a récupéré ses blessés…. N’a consenti à aller se faire soigner que sur l’ordre formel de son chef de peloton. »
Extrait du livre « La 2ème D.B. Général Leclerc combattants et combats en France » présentés par un groupe d’officiers et d’hommes de la division.
Le bilan de cette bataille du 27 décembre :
6ème Escadron : 4 morts et 13 blessés,
7ème Escadron : 11 morts et 23 blessés.
EBERSMUNSTER, 2ème D.B